Les zones humides

D’après L’ONEMA (Office nationale de l’eau et des milieux aquatiques), les zones humides sont des zones de transition entre la terre ferme et l’eau libre. Leurs caractéristiques principales sont :

  • La présence d’eau douce, saumâtre ou salée,
  • Un sol saturé en eau
  • La présence d’espèces animales et végétales caractéristiques des milieux humides (roseaux, amphibiens,…)

Grâce à leurs fonctions intrinsèques, les milieux humides jouent un rôle majeur dans l’approvisionnement en eau douce, dans la protection contre les évènements extrêmes liés à l’eau, ainsi que le maintien des rives et rivages.

Voici leurs fonctions principales :

1 Approvisionnement en eau douce

Les milieux humides jouent un rôle important dans l’approvisionnement en eau douce pour la consommation humaine et les besoins agricoles et industriels en période de sécheresse. En France, l’eau potable provient à 60% de nappes souterraines et à 40% de cours d’eau. Certain milieux humides peuvent stockés jusqu’à  15 000 m3 d’eau par ha. Les zones humides, grâce à leur rôle d’éponges naturelles, sont capables de restituer l’eau dont elles sont gorgées. Ainsi elles peuvent recharger ou maintenir le niveau d’eau des nappes souterraines lorsque les pluies sont rares

2 La protection des rives et des rivages 

La végétation des zones humides permet de stabiliser le sol et de le protéger contre l’érosion. C’est le cas des berges des cours d’eau, des rives des lacs et des étangs mais aussi des rivages de bord de mer où les mangroves et les marais salés stabilisent les côtes.

3 Des réservoirs de biodiversité

Grâce à l’abondance de l’eau et des matières nutritives, la plupart des milieux humides connaissent une importante productivité  biologique.  De plus, l’eau étant « source de vie » rien d’étonnant à ce que les milieux humides abritent un nombre considérable d’espèces animales et végétales (plantes aquatiques, la quasi totalité des amphibiens mais aussi un grand nombre de mollusques, crustacés, poissons, oiseaux,..). La totalité des milieux humides représente 6,4% de la surface des continents hébergeant près de 40% des espèces de la planète, dont 12% des espèces animales (Ramsar 2010). En France, environ 50% des espèces d’oiseaux en dépendent (Plan national pour les zones humides, 1995).
Au sein des milieux naturels, les animaux trouvent un abri, un lieu de repos ou de reproduction, ou un territoire de chasse. Ils accueillent, une partie de l’année, des oiseaux migrateurs en nombre.
La grande diversité des espèces dans les zones humides est l’assurance de leur bon fonctionnement et sous entend tous les services qu’elles rendent à l’humanité.

4 La prévention des crues et des sécheresses 

Par leur capacité de rétention d’eau, les milieux humides diminuent l’intensité des crues et les dommages causés par les inondations. Ils ralentissent le ruissellement des eaux de pluie et de fonte des neiges du printemps, évitant de brusques montées des eaux en aval. Les champs d’expansion des crues jouent un rôle capital pour absorber les crues des fleuves et en réduire l’intensité.
A l’inverse, les zones humides restituent de l’eau à la saison sèche, soutenant ainsi les débits des cours d’eau en période de basses eaux. Elles permettent ainsi de préserver certaines activités agricoles, comme l’alimentation fourragère, l’élevage et les cultures, les effets des sécheresses. Elles peuvent ainsi préserver certaines activités agricoles – alimentation fourragère, élevage…- des effets de la sécheresse.

Les milieux humides jouent également un rôle dans la régulation des microclimats. Les zones humides connaissent en effet une évaporation intense des sols et de la végétation, qui leur vaut d’être représentées, dans l’imaginaire collectif, comme des lieux de mystère habités de brumes permanentes. Ce phénomène d’évaporation influence, localement, les précipitations et la température atmosphérique.

 5 Le pouvoir d’épuration

Les milieux humides, zones tampons entre la terre et les eaux souterraines, sont capables d’épurer les eaux en piégeant ou en transformant les éléments nutritifs en excès (phosphates, nitrates), les particules fines ainsi que certains polluants (pesticides). Cependant, la capacité d’épuration des zones humides n’est pas infinie. L’apport excessif de polluants dans ces milieux peut conduire à la contamination de ces derniers et un dysfonctionnement de l’écosystème, entraînant ainsi la possible disparition d’espèces.

La diversité des zones humides en France

A côté des milieux humides notoires, vastes régions reconnues au niveau national, européen ou même international ( Les tourbières en Allemagne, la Camargue en France, les Everglades aux Etats-Unis, la toundra arctique au Canada, les marais d’Al-Hawizeh en Irak ou encore le parc national de Wasur en Indonésie) il existe un grand nombre de milieux humides ordinaires, souvent de petites taille (moins d’un ha). Pris individuellement, ils sont souvent considérés comme peu d’intérêt. Pourtant, ensemble, ils fournissent autant, voir plus, de service à la société qu’un milieu humide notoire.

Sur tout le territoire national, les milieux humides offrent une multitude de visages. Ce schéma de l’ONEMA (Office National de l’Eau et des Milieux Aquatiques), nous permet de voir la diversité de ces milieux en France métropolitaine. Entre la métropole et l’outre-mer, il existe une quarantaine de types différents de milieux. Chacun de ces milieux possède une mosaïque de niches écologiques.

Mais comment les identifier ? Certains espaces sont à l’évidence des zones humides comme les mares, les marais,… Mais d’autres sont plus difficiles à reconnaître : les prairies humides par exemple. D’après Olivier Cizel de la Protection de la Gestion des espaces humides et aquatiques, en 2010,  la France métropolitaine comptait entre 2,2 et 3 millions d’ha de zones humides qui représentent 4,5 à 5,6 % du territoire. Toutefois, la surface totale des zones humides n’est pas connue précisément.

Il y aurait en France entre 600 000 et 1 million de mares.

Baie de somme

17 000 ha de littoral et marais d’arrière littoraux

Parc naturel Régional de la Brenne

140 000 ha et 2 200 étangs sur 8 000 ha

Baie du Mont St Michel

une superficie de 62 000 ha

Tourbière de la Guette à Neuvy sur Barangeon

mesurant 1300 m de long pour une largeur inférieure à 200 m, sa superficie d’environ 23 ha en fait la plus grande tourbière de la région Centre

Un patrimoine culturel et touristique méconnu

Au fil de l’histoire, de nombreuses civilisations se sont développées en lien avec les milieux humides. Le croissant fertile de Mésopotamie, où est née l’agriculture il y a environ 10 000 ans, était une zone de marais et de terres humides. Les estuaires, les deltas et les rivières ont procuré des ponts naturels et des places commerciales majeures. Les Aztèques étaient installés sur un territoire marécageux du lac Texcoco. Ils pratiquaient l’agriculture sur des chinampas, îles artificielles faites de boue et entrecoupées de canaux. Venise, qui compta parmi les plus grandes puissances de l’Ancien Monde ; est construite sur une lagune. D’autres villes encore se sont bâties dans ou sur des milieux humides : Amsterdam (Pays-Bas), Bangkok (Thaïlande), Cotonou (Bénin),…

En France aussi, les milieux humides ont une remarquable importance historique, culturelle et paysagère : la baie du Mont Saint Michel abrite le mont éponyme sur lequel s’élève la célèbre abbaye, la Camargue est parcourue par les manades (troupeaux de taureaux ou de chevaux camarguais), les marais salants de Noirmoutier ou de l’île de Ré sont exploités par les sauniers…

Par ailleurs, les territoires des milieux humides sont devenus des espaces de tourisme et de loisirs : lieux de randonnée, de pêche, de chasse, de baignade et d’activités nautiques (canoë, barque, voile, péniche,…), etc. Les sites du Conservatoire de l’espace littoral et des rivages lacustres, qui renferment de nombreux humides, accueillent ainsi 30 millions de visiteurs par an.

Des milieux menacés

La richesse et la diversité des bénéfices apportés par les milieux humides sont étroitement liées à la qualité des écosystèmes. Or, les milieux humides sont des milieux menacées en régression – et ce, dans le monde entier. En France, plus de 50% des milieux humides auraient disparu entre 1960 et 1990. De plus, de nombreux milieux humides, parmi ceux qui ont subsisté, sont dégradés. Le constat est le même au niveau mondial. C’est la raison pour laquelle les milieux humides font l’objet d’une convention internationale (la Convention Ramsar), de directives européennes et de réglementations nationales visant à assurer dans le cadre d’une gestion équilibrée de la ressource en eau, leur préservation.

En France, les installations, ouvrages, travaux et activités (IOTA) sur un cours d’eau, un plan d’eau, une zone humide et la destruction, la mutilation ou le déplacement… d’espèces protégées de ces milieux sont réglementés.

La Convention Ramsar

La Convention de Ramsar, officiellement Convention relative aux zones humides d’importance internationale, particulièrement comme habitats des oiseaux d’eau, aussi couramment appelée convention sur les zones humides, est un traité international adopté le 2 février 1971 pour la conservation et l’utilisation durable des zones humides, qui vise à enrayer leur dégradation ou disparition, aujourd’hui et demain, en reconnaissant leurs fonctions écologiques ainsi que leur valeur économique, culturelle, scientifique et récréative.